Geoffroy et Aurore, 26 et 23 ans, vivent depuis mai 2017, dans l’une des cinq maisons de l’association Simon de Cyrène de Rungis. Ces habitats partagés proposent une alternative à l’institutionnalisation pour des adultes dont la vie a basculé à la suite d’un grave accident.
« Nous cohabitons avec six personnes porteuses d’un handicap et quatre assistants, salariés ou en service civique, explique Geoffroy, responsable d’une des maisons. Chacun dispose d’un habitat personnel et de la possibilité de retrouver les autres en journée ou en soirée dans les espaces communs. »
Il est arrivé en février, pour un CDI, Aurore, sa femme, l’a rejoint trois mois plus tard. Le petit-déjeuner avalé dans leur appartement privé, la jeune femme s’engouffre dans le métro pour son travail (…). Lui passe la journée dans leur maisonnée, menant à bien les occupations du quotidien, de la gestion des activités à la coordination de soins, en passant par l’organisation du repas commun du jeudi soir. Ensemble, ils veillent à un juste équilibre entre vie collective et intimité conjugale.
« Il est essentiel d’avoir nos moments à deux, avance Geoffroy. Si vous voulez partager votre vie, il faut d’abord que vous en ayez une. »
Et s’ils sont « comblés » d’un point de vue relationnel, ils prennent soin de leurs liens amicaux et familiaux, à l’occasion de dîners dans leur appartement rungissois, ou lors d’échappées, environ un week-end sur quatre, lorsque Geoffroy ne travaille pas.
Jamais ils ne s’étaient imaginé débuter leur vie à deux ainsi. D’ailleurs, lorsque Geoffroy, ancien charpentier reconverti dans le social, tomba sur l’offre d’emploi de Simon de Cyrène, il se dit d’abord que ce n’était pas pour lui. Pas pour eux. Les deux, qui s’étaient rencontrés au sein du Master humanitaire à l’Ircom, à Angers, étaient impliqués dans le monde de la fragilité via du bénévolat, et envisageaient de s’engager pour les autres de façon radicale. Mais plus tard.
(…) Ils se sont lancés dans cette aventure « providentielle » qui leur procure « une profonde joie ». Joies d’être « une famille où chacun se montre tel qu’il est », joies de pouvoir échanger sur des questions essentielles, joie particulière « de voir les personnes surmonter chaque jour leur handicap pour vivre ici ». Joie unique de découvrir chez son conjoint « des dimensions très profondes par ce qu’il donne ». Et de sentir éclore un amour plus grand.
Aurore et Geoffroy s’accordent quelques années pour vivre l’épopée. « On espère pousser les murs et lorsqu’on aura des enfants, le centre de gravité va un peu bouger ». Une certitude : leur 60 m2 est fin prêt à accueillir une naissance en 2018.
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